Que reste-t-il du Polisario ? Peu de choses, à vrai dire, si l’on scrute de plus près l’état de déliquescence de la formation armée indépendantiste, bras armé de l’Algérie des peuples ! Les fondateurs du mouvement révolutionnaire maghrébin sont morts ou ont regagné le Maroc ou la Mauritanie, les autres en lutte avec le clan pro-algérien de Mohammed Abdellaziz sont emprisonnés, exilés ou enfuis. Les combattants, dénombrées en milliers d’hommes, lors des années soixante dix et quatre-vingt, en guerre ouverte contre le Maroc et la Mauritanie, avec l’appui militaire direct de l’Algérie, ont raccroché armes et bagages, préférant vivre dans leurs pays respectifs ou en Espagne. Il ne reste plus, sous les armes, que quelques centaines d’hommes embrigadés, nés pour la plupart dns les camps de Tindouf, en Algérie et qui ne partagent guère, avec leurs aînés, la chimère indépendantiste.
Le vague à l’âme, les combattants du Polisario, en repos forcé, restent tentés par l’intégrisme islamiste, très vivace et prolifique dans la région, surtout en Algérie avec le FIS dissous, les factions rivales du FIS éclaté et la Salafiya djihadiste avec le GSPC, actif dans de nombreuses régions d’Algérie et au Sahara. Son obédience affichée à Al-Qaïda en fait un adversaire redoutable. Les contacts, et les entreprises de guerre communes, au Sahel africain, entre le Polisario et le GSPC sont chose convenue et courante. La collusion des deux formations guerrières n’est plus à démontrer et le risque de voir basculer le Polisario, ou l’une de ses parties, dans la mouvance radicale islamiste est une donnée majeure, prise au sérieux par les experts et les stratèges politiques et militaires.
Car, le Polisario, arquebouté aux thèse algériennes, est dans une réelle impasse, aussi dramatique que surréaliste : les cadres du mouvement ont plus que vieilli, les combattants aussi, démobilisés et démoralisés, les camps vivent dans le dénuement et l’extrême précarité, malgré l’aide internationale, l’oppression exercée y est terrible et insupportable, le désir des jeunes de s’enfuir est réel et manifeste ou, à défaut, de passer au grand banditisme, avec le lot de contrebande, d’immigration clandestine, de drogue et de racket.
Par ailleurs, la contestation dans les camps est une réalité plutôt amère pour la direction du Polisario. Khatt Achahid ne venait-il pas de critiquer sévèrement, une fois de plus, la ligne jusqu’auboutiste suivie par le Polisario dans les négociations, sous l’égide de l’ONU, avec le Maroc et de proposer de négocier à sa place, considérant que le projet marocain d’autonomie interne du Sahara est digne d’intérêt et mérite une négociation sérieuse.
En définitive, que peut espérer le Polisario ? L’indépendance n’étant qu’une chimère, née dans la tête de jeunes rebelles idéalistes et utopistes, et qui est incompatible avec les données de la géopolitique de la région et avec la mondialisation en cours qui intime aux pays de se regrouper dans des entités supranationales ou fédérales, voire confédérales pour pouvoir résister et survivre à l’onde de choc de la mondialisation. Reprendre les âmes est une voie sans issue, à l‘encontre des recommandations de l’ONU et des décisions du Conseil de sécurité et de la volonté de la communauté internationale de voir la région stabilisée et participer à l’effort commun de lutte contre le terrorisme et l’intégrisme islamiste armé et contre outres sortes de trafic qui infestent la région du Grand Maghreb et du Sahel africain.