Dans les camps de Tindouf, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Si les autorités algériennes multiplient les largesses en faveur de la direction du Polisario, il n’en va pas de même pour les infortunés sahraouis des camps, soumis à des pratiques pour le moins discriminatoires.
Les dernières mesures imposées par Alger aux sahraouis des camps, se rendant dans la ville de Tindouf toute proche, ne peuvent pas être qualifiées autrement, selon les témoignages de sahraouis des camps. Des restrictions drastiques ont été imposées aux sahraouis qui essayent de se procurer, dans la ville de Tindouf, des produits introuvables dans les camps sahraouis. Fruits, légumes, boissons gazeuses ou carburant sont désormais soumis à un rationnement incompréhensible lorsqu’il s’agit des sahraouis des camps. Au-delà de 12h00, les autorités algériennes à Tindouf interdisent aux véhicules portant l’immatriculation réservée aux camps, de s’approvisionner dans les stations-service de la ville. De surcroît, les voitures des sahraouis ne peuvent pas prétendre à plus de 45 litres de carburant en une seule fois. Ces restrictions inexplicables n’auraient pas pu être décrétées sans la situation d’isolement dans laquelle l’Algérie maintient les camps sahraouis de Tindouf, selon les mêmes témoignages. Les médias internationaux indépendants sont totalement bannis des camps de Tindouf et ne peuvent donc pas faire état de la violation flagrante des droits élémentaires à la libre expression et à la liberté de mouvement qui y prévaut. Une situation rendue possible par le contrôle implacable exercé sur les camps par le Polisario, qui dispute au Maroc l’indépendance de la région du Sahara occidental avec le soutien de l’Algérie.
Human Rights Watch et Amnesty International dénoncent périodiquement les « violations des droits humains commises par le Polisario », particulièrement contre des dissidents comme l’ancien cadre de la sécurité Mustapha Salma ou l’artiste Allal Najem. Amnesty avait d’ailleurs vainement tenté d’enquêter sur ces cas dans les camps de Tindouf. Mais à chaque fois, elle était confrontée au refus catégorie d’Alger. Face aux concessions partielles des autorités algériennes, l’ONG internationale avait affirmé qu’elle n’était « pas prête à accepter un accès limité en Algérie (lui préférant un) accès à tout le territoire algérien y compris aux camps de Tindouf ».