
Pour mieux cerner le phénomène du mouvement des sahraouis dans leur large espace il faut revenir un peu en arrière. Il s’agit de populations nomades en perpétuel mouvement face aux calamités naturelles et aux dangers des affrontements militaires. En 1960, les rguibats lgouacem se sont installés à Tindouf et dans sa région en raison de la sécheresse qui a sévit au Sahara. Cet exode massif a pu paraître comme l’amorce d’une future sédentarisation alors qu’en fait elle ne fut qu’une fixation temporaire motivée par les impératifs du moment. Au début de l’année 1958, la violente et sanglante répression franco-espagnole (Opération écouvillon) dans la région de Saquiat Al Hamra a provoqué un exode massif et douloureux des réfugiés qui ont fuit les zones de combats. Ils se sont groupés autour de Guelmim au sud du Maroc, là encore ce ne fut qu’un déplacement volontaire et temporaire.
Les populations sahariennes, qui se sont toujours farouchement opposées au spectre funeste de la séparation et du déchirement, le vivent depuis plus de trente ans. L’écologie humaine du Sahara occidental souffre toujours les affres de ce douloureux choc qui a eu pour conséquence grave d’éloigner les ethnies de leur tracé naturel. Pour le nomade sahraoui, l’autorité de celui ou de ceux qui représentent le pouvoir patriarcal constitue la référence de sa patrie et son univers.